Une patrouille comme une autre, rien d’exceptionnelle en soit et je m’attendais bien à ce que cela continue du moins jusqu’à ce que je vois cet homme. Il se parlait à lui-même, non, il avait une discussion avec quelqu’un que je ne voyais pas. Fronçant les sourcils, je m’étais approché, lentement, lui donnant l’illusion que je n’étais pas là pour profiter parfaitement de ce monologue. Médium ? Surnaturel ? On avait déjà croisé des Occultistes déclarant leurs pouvoirs au pire moment, ou tardivement dans certain cas et si cet homme n’était pas tout jeune, il n’était pas impossible ce que soit ça. Je ne voulais pas faire de connerie, il pouvait être complètement fou, mais dans le chaos de ses émotions je ressentais bel et bien de l’incompréhension et il n’y avait rien qui puisse simuler ça. J’avais besoin d’en savoir plus. Cette journée ne serait donc pas tranquille et j’allais devoir mener une vrai enquête et pas seulement attendre que le temps passe. Fait chier, j’aurais bien aimé resté à ma place et être tranquille, juste profiter en faisant semblant d’être ce qu’on attendait de moi.

Alors je disparus de dans son dos pour rejoindre une ruelle non loin et enfin me révéler à lui. Le choc ne fut pas violent, mais c’était suffisant pour l’arrêter. Simulant une chute, je retirais mes écouteurs de mes oreilles avant de dire, « Attends maman je te rappelle. », me relevant difficilement, du moins en apparence, rangeant mon téléphone dans ma poche avant de me frapper le dos et de dire un peu trop familier, comme n’importe quel jeune de mon âge supposé. « Va falloir arrêter de pousser de la fonte, c’est d’utilité publique. ». Le choc n’était vraiment rien, mais à la carrure il était largement plus imposant que moi et l’on pourrait réellement croire à mon histoire. Du moins c’était ce que je voulais qu’il pense pour que je puisse en tirer quelque chose. Au pire, je n’aurais qu’à manipuler son esprit pour recommencer, mais il ne semblait pas être le gars méchant, comme presque tout les créatures comme lui, du moins supposément. « C’est un peu de ma faute, je sors de nul part et je regarde pas ou je vais ! Ça va vous ? », bien sur qu’il irait bien, tout comme moi, mais être poli n’allait tuer personne, au contraire. Je ne pouvais pas l’aborder autrement ici, du moins pas si je voulais avoir des réponses rapidement. Bien sûr on me dirait de ne pas bâcler mon enquête, de prendre le temps d’analyser les preuves, de faire gaffe à ce que je faisais, mais il était bizarre et si il était fou, sa folie ne disparaîtrait pas d’un coup. Au contraire elle serait nourri par cette curiosité que je devais représenter. Ce mec ne croyait pas au surnaturel ? À ma de savoir à quel point il disait vrai ou si au contraire, ce n’était là qu’une manipulation de son esprit pour me détourner de lui quand il m’avait senti. Et si c’était le cas, j’allais sincèrement devoir retourner à l’école du super détective.
     

Je m’en fichais un peu de son état physique entre nous, c’était un moyen de lancer la conversation, d’avoir l’air plus amicale, plus acceptable aussi si je cherchais plus loin et il avait mordu à l’hameçon. Il me retourna donc ma question, me demandant comment j’allais avant de justifier aussi son manque d’attention par une fausse réalité. Je savais ce qu’il s’était passé moi, je le savais même très bien, mais je me contentais de sourire avant de me gratter faussement l’arrière du crâne pour lui répondre, « Y’a pas de mal, je suis pas encore en sucre ! Enfin je crois ! », déclarais-je finalement. C’était maintenant que j’allais savoir si j’avais bon, si j’avais bien jouer mon coup d’ado un peu tête en l’air, mais gentil. Et c’était un grand oui, une belle victoire lorsqu’il proposa de m’offrir à boire ou à manger, expliquant qu’il tenait une boutique pas très loin et qu’il pouvait clairement offrir quelque chose pour se faire pardonner son manque d’attention. Bien, avoir plus de temps volontaire avec lui ne serait de toute évidence pas un problème, à moi maintenant de faire en sorte d’obtenir plus d’information sur cette folie éventuelle.

« De la nourriture gratuite ! Vous croyez sincèrement qu’un ado normal peut dire non ? », je ne pensais pas qu’il puisse être fou entre nous, il ne chercherait pas à cacher cette vérité si c’était le cas. À moins bien sûr qu’il est conscience de sa folie et dans ce cas là les choses seraient très clairement différentes, mais pour l’instant, je penchais plus pour quelque chose d’autre, comme un pouvoir par exemple. Et là il n’y avait pas des milliers de solutions et la seule qui s’imposait ne lui assurerait pas vraiment une vie longue et heureuse, non, elle prendrait fin à l’instant où il se trahirait et soit il le faisait seul soit j’allais l’aider. « Vous tenez quel type de boutique ? », demandais-je donc pour continuer dans mon personnage. Mentir, chercher des informations, c’était tellement immorale dans un sens, mais après ce qu’il s’était passé, après cette fameuse tempête, comment ne pas voir le danger évident et imminent que ces créatures pouvaient représenter ? Ok, il pouvait être juste bon pour l’asile et si c’était le cas, dans un sens il sauverait sa vie. « Parce que gagner des gouter gratuit en vous percutant ça peut-être le bon plan ! », continuais-je dans un rire simulé, mais qui semblait pourtant bel et bien sincère.

Globalement, on allait pas se mentir, l’homme avait l’air gentil, même si il évoquait en effet le fait que j’aurais pu avoir peur de me retrouver seul avec un adulte, mais qu’il essaie seulement pour voir et on allait bien se marrer. Je n’étais pas vraiment l’homme le plus facile à tuer et il pouvait en faire la découverte et ce aussi douloureusement que possible si il le voulait.  Mais ce n’était pas le sujet et pour le moment, nous en étions à une discussion normal. Il ne trahissait rien, que ce soit de la folie ou de la magie. Il trahissait juste une normalité évidente, mais peut-être un peu trop, alors après quelques blagues, il finit par m’en dire plus, il est chocolatier, ce qui ne me donne aucune information si ce n’est que je vais peut-être vraiment bien manger et puis il m’amène à sa boutique, me la présente avant de nous faire rentrer à l’arrière de la boutique. Tout est bien rangé, propre, ce qui était important pour manipuler de la nourriture. Souriant franchement lorsqu’il me présenta donc la cuisine, je lui répondis, « Maintenant que je sais de quoi vous êtes capable j’ai un peu envie de dire que je veux tous ! », déclarais-je dans un léger rire avant qu’il ne se présente finalement. Matthew donc, au moins avais-je une identité, en plus d’un lieu de travail. J’allais pouvoir travailler correctement et en parlant de travailler… J’avais peut-être une idée…

« Jessie, mais vous pouvez m’appeler Jess ! » regardant autour de moi, je finis par reporter mon regard sur lui avant de simuler une gêne assez forte, « Euh… Je sais que ça tombe un peu sur un cheveux sur la soupe et que c’est sans doute mal venu, mais… », me grattant la tête nerveusement, du moins dans ce que je voulais faire croire, je repris, « Vous auriez pas besoin d’un livreur, ou d’un serveur ? Même pour passer le balais. » travailler avec lui serait le meilleur moyen de m’assurer que je n’étais pas face à une de ses créatures que j’étais censé chasser pour le bien et l’avenir de l’humanité. Une créature qui serait bien trop agréable sous ces traits.

« Je demande pas pour voler des trucs ou abuser, sincèrement, juste je suis un étudiant fauché qui se dit que peut-être il y a moyen de trouver un job étudiant. », un job que je ne saurais peut-être pas tenir sans sécher les cours pour mon véritable travail, mais je m’en fichais pas mal, ma mission était là, il avait un comportement étrange, restait à savoir à quel point.      

Le sentiment qui venait de me prendre à la gorge n’était pas de la peur ? Ou de la suspiscion ? Quoi qu’elle soit cet homme n’était pas serein et cela ne jouait clairement pas en sa faveur, bien au contraire, j’avais une preuve de plus contre lui, une preuve de plus contre son innocence. Qu’on me croit ou non, j’aurais vraiment voulu voir cette hypothèse s’envoler, j’aurais vraiment voulu considérer son monologue comme étant de la pure folie, mais à moins qu’il ait eu à traverser quelque chose d’affreusement horrible, il n’y avait rien justifiant cette nouvelle crainte. Que cachait-il donc et avais-je donné la moindre occasion, le moindre doute pouvant justifier une crainte aussi incongru ? Je n’en savais rien, mais il répondit avec précaution à ma demande. En soit qu’il soit obligé de consulter ses finances n’étaient pas un problème, c’était une préoccupation de beaucoup d’humains et c’était compréhensible, mais c’était ce que mon don saisissait en saccadé derrière qui me semblait bien moins cohérent, bien moins normal. « Euh de l’eau ça ira. », répondis-je donc à sa question. Il semblait presque ailleurs et j’avais à présent besoin d’en savoir plus, vraiment plus.

« Je suis vraiment désolé pour la demande, je suis en rade d’argent et je sais que ça peut-être gênant. Je suis du genre à agir avant de réfléchir, enfin vous voyez l’idée ? », certaines personnes pouvaient réellement être dérangé par ce genre de comportement, mais si il y avait quelque chose d’autres, mes excuses ne seraient pas suffisantes, vraiment pas. « Je peux travailler gratuitement au début si vous voulez ? Comme ça vous vous faites une idée et si je conviens pas ça sera pas grave ! » continuais-je enjoué, le sourire toujours présent sur mes lèvres pour avoir l’air toujours aussi inoffensif. Je ne devais pas représenter un danger, pas plus que je devais poser de problème. Je devais être dans le paysage pour que personne ne me remarque et que je solutionne enfin cette grande question à savoir : Cet homme était-il un danger pour les autres ou uniquement un danger pour lui. Dans un des cas je devrais agir et dans l’autres, si on se référait à mes études aussi, mais ce n’était qu’une couverture. Un Traqueur ne suivait pas les même cours que les autres, on apprenait à l’institut et on rejoignaient des écoles humaines qu’en cas de besoin, ce qui était mon cas justement.